Il est 7h,
j'ai 18 ans
Il est de nouveau sept
heures, hurlement du réveil,
Derrière les rideaux
c'est un nouveau jour qui s'éveille,
Cernes et café, fatigue
et chaussettes dépareillées,
Musique, Jimi Hendrix,
écouteurs, chemin du lycée,
On se salue, sourire de
façade peur de vous briser,
Ancienne connaissance,
dispute et agressivité,
Tu ne me connais pas
chérie, ne m'as jamais connu,
Ta rancune tu peux te la
ranger dans le...mais chuuuuuut,
Conversations
philosophiques avec les vraies amitiés,
Engagement, indignation,
et pacifistes assassinés,
Jaurès, Gandhi et ce bon
John Lennon, qu'est-ce que tu en dis ?
Moi aussi j'imagine, rêve
d'une utopie ensevelie,
Et je m'enlise, je
m'enlise, sans pouvoir en sortir,
Pas de pourquoi, pas de
comment, juste peur de l'avenir,
Après c'est psy
évidemment, on ne peut pas faire autrement,
Deux comprimés par jour
et va sortir, va voir des gens !
Ta gueule ! Je ne
suis pas un dépotoir à pilules ! Tu sais ?
Aujourd'hui j'ai 18 ans et
je suis totalement paumée !
J'ai compris que la pilule
du bonheur n'existait pas,
Et il n'y a plus rien ici
qui puisse guider mes pas,
Je suis parfois
misanthrope et amoureuse de l'humain,
Parfois je m'enflamme puis
de nouveau tout paraît vain,
En ce moment il n'y a que
des mauvaises nouvelles : d’Israël, la Palestine,
Je me demande :
Pourquoi c'est dans la guerre que l'humain s’obstine ?
Après des siècles de
douleur, de misère et de conflits,
On dirait que le désespoir
versé jamais ne suffit,
Après les génocides, les
« plus jamais pour nos enfants »,
Peut-on encore échapper à
ce futur avilissant ?
On vit dans l'ennui qui
nous engourdit tous les jours,
Que des journées
absentes, n'éxiste-il aucun détour ?
« Vivre » est
devenu « survivre », en quoi consiste notre société ?
Des générations qui
s'articulent autour de simples billets ?
Des noms de syndromes pour
ce qui n'est pas définissable,
Et on nous répète que
nous ne sommes que des grains de sable,
Perdus dans une nébuleuse
bien trop compliquée,
Qu'avec notre acharnement
nous avons fabriquée,
Les secondes
s’évanouissent, sont dépulpées, inconsistantes,
La peur nous ronge, peur
de l'échec sociétal, de la pente,
Qui nous sépare de nos
rêve et nous tient à distance,
Peur du « gain de
temps, gain d'argent », de cette concurrence,
Peur de la différence,
mais où est notre délivrance ?
Pour répondre il faudrait
d'abord équilibrer la balance,
Il faudrait nous
réinventer, voir plus loin des clichés,
Assumer les erreurs et ne
plus jamais les répéter,
Croire en nous et dans les
autres et cesser d'être si méfiants !
Et cesser de croire en
l'impunité des dirigeants,
Démonter cette « way
of life » standardisée pour nous,
Car le monde est à moi
mais il est aussi à vous,
Alors je pourrais me lever
à sept heures du matin,
Fêter enfin mes 18 ans
sans peur du lendemain,