Le
Royaume des Hommes
Icare aussi a volé avant
de s'écraser,
Contre le bitume froid
tous les jours lacéré,
Par des montres qui
crachent de la suie invisible à nos yeux,
Car le Royaume des Hommes
est devenu un non-lieu,
Longtemps j'ai marché
dans les rues en bon solitaire,
Dans les dédales d'un
labyrinthe de plastique et de pierre,
Et j'ai vu les hommes, les
machines et les animaux,
Entendu le fracas des
autos, l'inconsistance des mots,
J'ai vu des êtres
affligés de vérités récriées,
Une faune indistincte tout
le temps bousculée,
J'ai vu le métro qui
vomissait des passants,
J'ai senti la chair et
entendu les cœurs battants,
J'ai écouté leurs
tracas,
Et aboyé leurs chansons,
J'ai tant pleuré leur
trépas,
Longtemps gardé leur
maison,
J'ai aussi vu des enfants
qui tuaient des moineaux,
Alors allons-y, allez-y,
tuez tous tous les oiseaux,
Tuez l'hirondelle, elle
n'apporte point le printemps,
Tuez l'hirondelle, elle a
vécu trop longtemps,
Tuez la colombe, la paix
n'est plus durable,
Tuez la colombe car j'ai
honte de vos semblables,
Tuez la corneille, tuez le
corbeau,
Peu importe, en fin de
compte, ce ne sont que des oiseaux!
Dans le Royaume des Hommes
j'ai connu trop d'êtres ailés,
Qui regardaient le ciel de
leurs yeux désabusés,
Et moi, dogue casi
aveugle, je vous raconte l'histoire,
De ce Royaume étrange que
je traverse matin et soir.
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